Monstre nocturne
Monstre nocturne

Monstre nocturne

Au début tu te refuses à simplement l’envisager. Tu te dis qu’elle partira si tu n’y penses pas. Mais tu penses à ne pas y penser et la voilà qui arrive à pas feutrés. Tu l’invoques sans même t’en rendre compte. Plus tu te refuses d’y penser, plus ton esprit concentre son invocation. Elle approche. Tu sens qu’elle approche. Un frisson te parcourt l’échine.

Ferme les yeux, pense à autre chose. N’importe quoi, mais fait vite.

Trop tard.

Elle est là mais tu es en plein déni : elle n’était pas là il y a quelques secondes à peine, comment a-t’elle pu débarquer si vite ? Était-elle tapie dans l’ombre, en attendant que son avènement arrive ?

Maintenant tu ne peux plus l’ignorer.

Elle t’appelle, elle t’implore. Elle susurre à ton oreille de la suivre, de te laisser prendre par elle. Son pouvoir grandit à chaque seconde. Tu le sens et elle le sait. Tu auras beau tout faire pour l’ignorer, elle est l’insistance incarnée, elle grandit à chaque seconde que tu passes dans ton déni. Refuser sa réalité ne la fera pas disparaître et tu le sais. Tu succomberas. Tu n’auras pas la force de lui résister.  

Alors tu ouvres les yeux et commences à penser à capituler. Chaque seconde qui passe ne fait qu’ébranler tes forces un peu plus. Ta résistance devient faible. Elle parvient presque à t’attraper, à plonger sa main immatérielle dans ton ventre et le serrer entre ses doigts. Ce n’est plus qu’une question de temps. Elle devient hostile et bientôt, tu ne pourras plus rien faire. Tu n’auras plus d’autre choix que de lui céder.

Pourtant tu restes dans ton déni. Ne vois-tu pas que tu as perdu contre elle ? La douleur s’immisce en toi, le temps t’est compté.

Encore quelques secondes.

« Et merde »

Le temps joue contre toi et bientôt la douleur prendra le pas sur tout. Tu repenses à ton enfance, à ta peur d’elle, à tous ces réveils que tu cauchemardes parfois encore.

Alors tu capitules. Face à ce monstre nocturne, tu n’es qu’un humain.

Elle s’empare de toi entièrement, victorieuse et te voilà debout, hors de ton lit.

« Putain d’envie de pisser »