Stockholm, mon amour
Stockholm, mon amour

Stockholm, mon amour

Une femme enlevée, séquestrée par un mystérieux ravisseur qui ne ressent rien, mais qui, à son contact, s’éveille à ce qui semble être de l’affection. Tout part de là. Encore une fois.

C’est en regardant un manga et en me voyant rechercher frénétiquement des fanarts et fanfictions que je comprends que je ne suis pas la seule à avoir ce problème :

Mais qu’est-ce qu’on a, toutes, avec cette absurde romantisation du syndrome de Stockholm ? Qui est l’enfoiré qui a ancré au fond de nous l’idée que le ravisseur et sa victime feraient un couple trop kawaï ? Ou pire, que la victime devient une héroïne à partir du moment où elle brave tous les dangers pour « sauver » celui qui ne connaissait pas l’amour… avec son amour ? (Oui parce qu’apparemment, ça va de paire avec le complexe du sauveur.)

Complètement aberrant.

La Belle est la Bête, l’origine de tous nos maux

C’est sans procès que je désigne le coupable.

Ce film est la première histoire de ce genre que j’ai pu voir, alors que j’étais beaucoup trop jeune pour arriver à comprendre que la situation n’avait en fait rien de romantique. La séquestration n’a rien de romantique.

Pourtant, cela me suit, même dans ma trentaine passée.

Devant ce personnage de manga apathique et autoritaire, qui détient prisonnière une jeune (donzelle) femme, je me mets à espérer qu’une quelconque romance se créé entre les deux. Le bourreau, aka héro au cœur pur caché sous des airs de psychopathe, a le don de me faire craquer. Whyyyyyyyyyyyyyy ?  

Auto-conditionnement psychologique par Disney et par les films qui ont rendus sexy le syndrome de Stockholm.

« Voici ta cellule privatisée avec clim réversible »

Atame, The town, Last days of Summer, etc. De nombreux films sont catégorisés en Romance/Drame avec des histoires basées sur le syndrome de Stockholm sans ajouter ce petit astérisque *attention relation tordue qui nous serait pourtant bien utile.
Je désigne par « Nous » toutes les nanas qui auraient le même problème que moi. (J’ai lu vos fanfictions les meufs, vous êtes graves vous aussi.)

Commençons par une petite définition du syndrome de Stockholm :

Type de manifestations affectives et comportementales rencontrées chez certaines victimes de prise d’otages, caractérisées par des sentiments paradoxaux de sympathie et de compréhension à l’égard des ravisseurs, d’hostilité et de crainte vis-à-vis de l’autorité et des forces de l’ordre, persistant parfois au-delà de la libération.

Frank Ochberg, 1978

Sentiments paradoxaux en effet. Comment peut-on espérer une quelconque relation romantique de la part d’un être qui a mis fin aux libertés d’un autre ? Bon, ok, dit comme ça, toutes les relations toxiques entrent dans cette case. Toxiques, oui, mais relations quand même, avec un attachement (malsain et maso) qui perdure malgré la rupture. Comme quoi notre cerveau est vraiment fucké.

Un article court et bien fait sur le syndrome de stockholm : https://www.neonmag.fr/le-syndrome-de-stockholm-cest-quoi-533242.html

« On m’appelle le chevalier blanc »

Parce que le syndrome de Stockholm tout seul n’était pas suffisant, je vais vous parler de la fusion ultime pour toute obsessionnelle de niveau 3 avec le syndrome du sauveur.

Ça, c’est une caractéristique absolue pour déclencher un Stockholm en un temps record, ou pour développer une affection pour un être qui ferait fuir n’importe quelle femme avec un peu de bon sens, ce qui n’est bien évidemment pas mon cas, car moi, j’aime fusionner les emmerdes. Ouaip. Trop d’imagination malsaine.

Le syndrome du sauveur donc, c’est ce sacrifice permanent au bénéfice des autres, mais loin d’être altruiste, c’est en fait la recherche permanente de gratification pour se sentir exister. Les cœurs détruits ont les pires syndrômes/complexes/problèmes psychologiques. Une vraie mine d’or pour les thérapeutes (et les psychopathes façon Joe Goldberg de la série You).

Attention quand même. Pour parler de syndrome du sauveur, il faut avoir une tendance à vouloir porter secours dans toutes les situations, à vouloir solutionner les problèmes des autres en améliorant leur situation pour eux (et parfois à leur place), et il faut également (je dirai « surtout ») avoir un mal être (conscient ou non), ainsi qu’une attirance pour les personnes en souffrance, angoissées ou dépressives. Nous sommes donc plus dans une valorisation narcissique que dans une réelle envie de sauver l’autre, soyons clairs.

C’est cette dernière partie, cette « attirance pour les personnes en souffrance » qui fusionne avec Stockholm en mode Boss Final, car un bourreau/ravisseur ne peut être qu’une personne en souffrance (psychologique) donc c’est un Bingo !

Pour plus (de vrais) infos sur le complexe du sauveur.

Quand ça dérape…

Si je ne m’étonne plus de romancer à tort et à travers ce type de situation, heureusement que j’ai des ami.e.s pour me rappeler que mon raisonnement n’est pas, disons, normal, comme pendant le visionnage du film Glass (pour le coup, je pense être la seule à avoir imaginé une once de romance dans ce bordel de psychotiques en série).

Ça ne m’empêche quand même pas de pleurer la mort du méchant de mon manga, qui démontre, au crépuscule de sa vie, un intérêt pour le genre humain et surtout pour la jeune femme qu’il avait enlevé sur les ordres de son maître.

Parce que je ne peux m’empêcher de les imaginer ensemble (on ne se refait pas), de penser que le cœur pur et optimiste de la jeune femme aurait réussit à faire fondre celui du méchant, ou que, simplement, chacun mérite d’aimer et d’être aimé, surtout quand on est brisé ou vide. Lui était vide, au point de ne pas savoir ce qu’est un cœur ou une âme. Vide et seul.

CalinAuVilain #Ulquinounet

Allez, je repars dans des phrases en guimauve cheap, ark.

J’ai vraiment un problème… -_-