En matière de lecture, il est un choix cornélien qui demeure à chaque fin de livre : Que vais-je lire ensuite?
Il n’est pas question d’arpenter les librairies mais bien de choisir un parmi ceux achetés auparavant, et qui correspondaient à un certain état d’esprit disparu depuis. Entre le « Mein Kampf » des émotions qui a fait virer folle la plus pragmatique de mes amies, le « suicide collectif » de Werther et ses souffrances, ou encore la brique d’introspection du rayon Développement personnel (attention, je sais, j’ai un très gros préjugé sur ce rayon), il est en fait difficile de choisir un nouveau livre lorsque l’on appréhende l’état dans lequel il va nous mettre, émotionnellement parlant, on s’entend.
Pourtant, si nous les avons achetés, c’était bien dans le but de les lire un jour. Alors pourquoi est-ce si dur, planté comme un con devant sa bibliothèque, remplie jusqu’à la dernière tablette et par doubles rangées, de choisir un livre ? Ou de se laisser aller à une lecture, lorsque celle-ci se veut plus profonde que légère, plus intellectuelle que fantasque, plus Kafka que Gala ?
Passer du roman au livre au livre de réflexion, en quoi est-ce un « big deal » lorsque, anyway, on se prend déjà très bien la tête toute seule ? Cela devrait être un soulagement au contraire, cette perspective de se prendre méchamment la tête sur des sujets plus consistants que les mecs, le boulot, le sexe ou l’Amour.
Consistants ou indigestes ?
L’introspection est-elle si indigeste ?
Oh et puis merde.
C’est quand même un faux dilemme quand je vois dans ma bibliothèque les marques-pages coincés qui me rappellent combien ce livre-là est imbuvable, et ô combien je suis allée au bout de mes limites en termes de mauvais livres, de livres indigestes pour vrai.
Comme si chaque page tournée du bout de mon doigt humidifié avait un goût de merde.
La page.
Pas mon doigt.